Page:Almanach des muses - 1781.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée

elles ſont nulles dans l’Etat.
Toute la ſphère eſt pour les belles,
rien n’eſt plus juſte… hélas ! ſans elles,
ce monde auroit-il tant d’éclat ?
Auſſi, jeune Eglé, je parie
qu’en vous voyant dans la Septimanie[1],
nos empreſſés Barons ont fait mainte folie.
Tout en lorgnant votre gentil minois,
l’un aura dit : « Dieux ! qu’elle eſt belle !
L’autre : »  » Eſt-ce bien une mortelle ?
» que ſon ſourire eſt gracieux !
» comme l’Amour eſt dans ſes yeux !
» qu’il eſt doux d’en avoir pour elle » !
Peut-être les audacieux
auront, d’une flamme nouvelle,
ſoupiré les tendres aveux ;
& vous, vous aimable cruelle,
qu’aurez-vous dit à tous ces malheureux ?
pour leur délire, pour leurs feux,
aurez-vous eu quelqu’indulgence ?
Vous riez !… riez-donc tout bas ;
en vérité ! n’allez-vous pas
donner quelque ſcandale en France ?
Où prenez-vous qu’il faut ſiffler
des gens qui viennent nous parler
à deux genoux de leur ſouffrance ?
Eh ! Madame, un peu de bonté ;
allons, un coup d’œil qui conſole ;
un petit air d’aménité.


  1. Ancien nom de la Province du Languedoc.