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ZÉLOR ET ACANTHE,
CONTE.


Ô Mes amis, faiſons revivre
ce ſiecle heureux où l’homme n’eut à ſuivre
que les loix de l’amour & celles de l’honneur ;
où la beauté ne cédoit qu’au vainqueur ;
où l’eſpoir enchanteur d’enflammer ſa maitreſſe
rendoit tous les amans guerriers :
c’étoit le Dieu de la tendreſſe
qui créoit les preux Chevaliers ;
pour obtenir le mytthe, il falloit des lauriers.

Dans ce bon tems, vivoit une beauté charmante
légère, fraîche, agaçant le defir 5
on la nommoit la belle Acanthe :
taille noble, grâce touclianre,
elle avoit tout… fes yeux appelloicnt le plaifir.
Les Chevaliers inveotoient, pour lui plaire,
des jeux, des fêtes, des tournois ;
ſoins ſuperflus ; ſon ame trop légère,
entre nulle sivaux.ne pouvoit faire un choix.
Parmi ceux que l’Amour foumettoit à ſes loix,
étoit Zélor, la fleur de la Chevalerie,
Zélor, qui, ſous l’habit de Mars,
eut d’Adonis les traits, la courtoiſe.