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ADIEUX AUX MUSES


Vous dont j’ai trop chéri l’empire,
Déités de mes jeunes ans,
Muses, reprenez votre lyre :
je vais à des Dieux plus charmans,
porter mes vœux & mon encens ;
l’amour est un plus doux délire ;
vous m’égarâtes, il m’inspire :
lui seul remplit tous nos momens ;
c’est par lui que le cœur desire ;
lui seul est l’intérêt du tems.
Près des biens dont sa main dispose,
que les fleurs du sacré vallon,
que les lauriers sont peu de chose !
L’épine croît sur l’Hélicon :
c’est à Paphos que naît la rose.
Hélas ! dans l’âge du desir,
Muses, faut-il qu’on vous immole
des jours destinés à jouir ?
Qu’importe une gloire frivole ?
L’éternité de l’avenir,
vaut-elle un moment qui s’envole ?
Dans ce gouffre où tout va finir,
voyez tomber & s’engloutir.
talens sublimes, noms célèbres ;
rien fur ces profondes ténèbres