Page:Almanach des muses - 1773.djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée


LETTRE
À Madame la Marquiſe d’Antremont, après un voyage en Grèce & en Italie.


EN regagnant mon hermîtage,
j’ai trouvé vos charmans écrits,
entre Bernard & Deſmahis,
dans le porte-feuille d’un ſage.
Combien Voltaire en ſent le prix !
& Voltaire a trois fois mon âge !
Je viens du pays de Phaon ;
mais c’eſt pour marcher ſur vos traces.
J’ai cueilli le myrte des grâces
ſur le tombeau d’Anacréon,
j’ai vu Chypre, Ios, Mitilene,
& reſpiré la douce haleine
& de Venus & d’Apollon.
J’ai volé des champs d’Aréthuſe
aux caſcades de Tivoli ;
l’ombre d’Horace m’a ſuivi
aux bords enchantés de Blanduſe.
J’ai reconnu, ſur un hameau,
le moineau chéri de Leſbie,
& bû de l’onde du ruiſſeau
où venoit ſe baigner Cinthie.
Que ces rivages d’Auſonie
ſont à mes yeux remplis d’appas !
mais quand on vous lit, on oublie