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Il en est ainsi de la question des femmes à l’heure où nous sommes.

Avancée en Amérique jusqu’au point d’avoir conquis les suffrages de deux assemblées législatives, soutenue en Angleterre par les hommes les plus éminents, agitée en Allemagne, en Suisse, elle est à l’ordre du jour en France dans la Presse, dans les livres, dans les romans ; elle est devenue l’objet d’une des réunions populaires les plus suivies et d’une ligue qui grandira.

C’est que le principe sur lequel s’est basée et lentement se construit la société nouvelle porte ses fruits ici comme ailleurs. Le droit, qui désormais découle de l’individu, confère à la femme, comme à tout être humain, l’égalité.

Faute de comprendre ce principe, qui pourtant est la base de leurs réclamations, la seule assise inébranlable de la démocratie, certains démocrates ne veulent voir dans la femme qu’une mère, c’est-à-dire un agent social ; ils écartent pour la femme l’autonomie individuelle qu’ils réclament pour eux-mêmes ; et supprimant d’un trait, en même temps que sa liberté, la plus grande part de sa vie : la première jeunesse, l’âge mûr, la vieillesse, — ils font, des années que dure la tâche maternelle, le point unique de la destinée de cet être humain et le seul but de toute son activité.