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Une femme galante devenue vieille et dangereuſement malade, avoit envoié quérir ſon Confeſſeur, qui lui diſoit : il faut oublier votre vie paſſee ; il faut ſonger à n’aimer que Dieu. Helas, reprit-elle, à l’âge où je ſuis, comment ſonger à de nouvelles amours !

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Une amateur conſidéroit les ſept Sacremens peints par Le Poussin, et trouvoit beaucoup à critiquer dans le tableau qui repréſentoit le mariage. Je vois bien, s’écria cet amateur, qui n’etoit peut-être pas content de ſa femme, qu’il eſt mal-aiſé de faire un mariage qui ſoit bon, même en peinture.

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Un ſot mari ventoit beaucoup dans une compagnie, les robes, les dentelles, les bijoux et autres ajuſtements de ſa femme ; quelqu’un qui ſavoit ce qui en etoit, lui dit aſſez plaiſamment : « Si Madame le porte beau, avouez que vous les porter belles. »

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Un Picard étant à l’échelle, pour être pendu, on lui préſenta une femme de mauvaiſes mœurs, qu’on lui propoſa d’épouſer s’il vouloit ſauver ſa vie, comme c’eſt la coutume en quelques endroits. Il la regarda quelque tems ; et aiant remarqué qu’elle boitoit : elle boite, dit-il au boureau ; attache, attache.

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Un amant en danger de perdre ſa maitreſſe, qui etoit malade, cherchoit partout un médecin ſur la ſcience duquel il put ſe repoſer. Il trouve en ſon chemin un homme poſſeſſeur d’un taliſman, par lequel on appercevoit des êtres que l’œil ne peut voir. Il donne une partie de ce qu’il poſſede pour avoir ce taliſman, et court chez un fameux médecin. Il vit une foule d’ames à ſa porte, c’etoit les ames de ceux qu’il avoit tués. Il en voioit plus ou moins à toutes les portes des médecins, ce qui lui ôtoit l’envie de s’en ſervir ; on lui en indiqua un dans un quartier éloigné à la porte duquel il n’apperçut que deux pe-