chose de très délicat et qui risque de froisser mon interlocuteur !
— Pas du tout ! rétorqua Elvire, car, on le sait, elle n’abandonnait pas facilement ses idées, rien ne s’oppose à ce que, très courtoisement, vous procédiez à une petite enquête !
— Ma chère Elvire, vous oubliez, dit Jean-Louis, que je ne suis pas autorisé à faire une telle démarche. Je ne suis ni votre parent, ni, hélas ! votre fiancé officiel… En outre, si ce capitaine, chose possible, n’est au courant de rien en ce qui vous concerne, mieux vaut ne pas augmenter le nombre des railleurs.
— Dans le doute, abstiens-toi ! ajouta Bergemont aîné.
Visiblement, Elvire ne trouvait pas à son goût l’abstention de Jean-Louis. Elle se rabattit sur Tristan.
— Alors, vous, mon oncle, vous qui avez qualité pour intervenir…
— Tu me la bailles belle ! fit-il, on n’a jamais qualité pour commettre une gaffe ! Et c’est à quoi tu m’engages, ni plus ni moins ! Cet officier aviateur, auprès de qui tu veux me déléguer, songe qu’il est animé de l’esprit de corps et, pour rien au monde, ne consentirait à partager tes critiques à l’égard d’un des siens. Il représente à lui seul toute l’aviation, ma chère enfant… Il peut dire, comme le personnage de tragédie :
— Je constate, résuma Elvire, très mécontente, que chacun trouve à point nommé des raisons capitales pour rester à l’écart. C’est bien, j’agirai sans le secours de personne !
— Elvire, permets-moi de te répéter… commença l’oncle Tristan.
Mais elle ne l’écoutait plus.
— Ou plutôt, poursuivit-elle, avec le secours de Flossie qui, je le suppose, ne me le refusera pas.
— Ça dépend de ce que tu as l’intention de faire, dit l’Anglaise prudemment.
— Nous allons aborder poliment ce capitaine aviateur et lui demander quelques éclaircissements sur les faits