fort jolies et si différentes. Plus émotive que la flegmatique Anglaise, Elvire murmura :
— Cela tourne à la poursuite ! Il faut croire que nous intriguons ce monsieur !
Brièvement elle instruisit Vernal et son oncle de l’obstination de l’officier. Le peintre se contenta de témoigner une surprise modérée ; quant à Tristan, il prononça d’un ton quelque peu malicieux :
— C’est un capitaine aviateur !
— Vraiment ! exclama Elvire saisie.
— Dame ! il en porte les insignes ! C’est bien la peine d’avoir, comme toi, un père entiché d’aviation, pour ne pas remarquer…
Mais Elvire l’interrompit :
— Je ne m’étonne plus de cette contemplation ! Il nous connaît, cet officier, il a entendu parler de nous, il doit savoir que je suis la Dulcinée d’un moderne Don Quichotte… Ah ! c’est vraiment flatteur !
— Allons, ne t’énerve pas ! dit Flossie.
— Je ne m’énerve nullement, riposta la jeune fille qui, en réalité, ne contenait plus son agitation, je constate simplement que je suis devenue un objet de risée. Cet officier a voulu me voir de près, il a entendu parler de moi par ses camarades, par celui qui s’acharne à troubler ma vie. Peut-être même est-ce lui, le mystificateur !
— Tu es folle ! s’écria son oncle, vas-tu t’imaginer maintenant, chaque fois que tu rencontreras un aviateur…
— Mais je n’en rencontre jamais ! Celui-ci est le premier… Et tu admettras bien que sa façon d’agir est significative ! Qu’en pensez-vous, Jean-Louis ?
L’interpellé répliqua sans s’émouvoir :
— Chère mademoiselle, les éléments dont vous disposez sont bien faibles pour justifier…
— Je ne suis pas de votre avis, coupa la jeune fille, et j’ai foi dans mon pressentiment. Je mettrais ma main au feu que l’officier attaché à mes pas est renseigné sur mon compte, qu’il est mêlé de près ou de loin au complot. Au fait, Jean-Louis, vous pourriez très bien vous présenter à lui et le questionner !
Cette proposition parut décontenancer Vernal qui, aussitôt, tenta de l’éluder :
— Je ne vois pas que ce soit réalisable. Il y a là quelque