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L’AVIATEUR INCONNU

— Déchire-les sans les lire ! Ou encore, refuse-les ! Tu verras que ton aviateur finira, plus tôt que tu ne crois, par se lasser de ton indifférence !

Elvire garda le silence un instant. Visiblement ce pro­cédé ne lui paraissait pas assez radical. Elle prononça :

— Non, je veux savoir à quoi m’en tenir, je tiens à avoir raison de mon tourmenteur, à le confondre…

— Bon… en ce cas, il t’intéresse ! dit Flossie. Avoue qu’il t’intéresse, darling !

— Ce qui m’intéresse avant tout, c’est de montrer à papa que je ne suis pas sa dupe, car, pour moi, aucun doute n’est permis, papa est l’âme du complot.

Flossie, à son tour, demeurait silencieuse. Mlle Berge­mont insista :

— Tu es bien de mon avis, n’est-ce pas ? C’est mon père qui a ourdi toute cette machination ?

— Ça m’étonnerait beaucoup, répondit Flossie. Autant Félix est l’homme des enthousiasmes irréfléchis et, souvent, absurdes, autant il est incapable d’organiser cette espèce de raid. Il n’a pas assez de suite dans les idées pour réa­liser un tel programme. Songe donc que ça ne s’improvise pas en quelques minutes… D’abord, a-t-il des rapports avec l’aviation, ton père ?

— Non, pas que je sache !… Mais il a pu en créer !…

— Raisonnons un peu, repartit la pratique Anglaise, si Félix n’avait pas, en réserve, un aviateur candidat à ta main…

— Évidemment non… Du reste, sa frénésie pour l’avia­tion, son serment de n’accepter qu’un aviateur pour gendre, tout cela est né d’un moment d’exaspération !

— Donc, il ne préméditait rien. Donc, il lui aurait fallu, pour forcer les circonstances à lui donner raison, entreprendre des démarches, se mettre en contact avec des professionnels de l’air… Est-il beaucoup sorti, ces der­niers temps ?

— Non, il n’a pas quitté Pourville !

— A-t-il écrit ou reçu des lettres plus nombreuses qu’à l’ordinaire ?

— Mais non !

— Eh bien, tu admettras qu’il ne suffit pas de pronon­cer un serment comme le sien, pour, instantanément, faire apparaître celui qui doit en bénéficier. On ne dis-