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L’AVIATEUR INCONNU

— Sans reproche, mon oncle, vous n’en avez pas pris le chemin ! déclara Elvire.

— J’en conviens, je me suis laissé aller au plaisir de la critique… Bah ! tout s’arrangera, vous verrez… Partez-vous, monsieur Vernal ? Je vous ferai un bout de conduite, si vous le permettez !

— Très volontiers, acquiesça le peintre. Encore un mot, avant de vous quitter, mademoiselle : croyez-vous qu’il me sera permis, malgré mon échec, de reparaître dans cette maison ?

L’oncle Tristan se chargea de répondre :

— Certainement ! mon frère vous accueillera sans enthousiasme, c’est probable, tout au moins au début, mais puisque j’ai de la sympathie pour vous et que ma nièce vous voit avec une certaine satisfaction, si je ne m’abuse…

— Mon oncle, vous êtes un taquin ! dit Elvire.

— Revenez donc, mon ami, acheva Bergemont aîné, déployez une obstination égale à celle de votre futur beau-père, en évitant toutefois de parler mariage. Il s’agit de guerroyer en douceur et d’opposer la ruse à la force. Sous ces réserves, il est permis de vous dire, comme au Cid :

Sors vainqueur d’un combat dont Chimène est le prix !

Sur cette belle citation, Bergemont aîné entraîna le jeune artiste, ce qui ne fut pas sans étonner Elvire, car c’était la première fois que son oncle manifestait l’intention d’accompagner Jean-Louis. Elle eut l’impression qu’il voulait lui faire des confidences, lui parler en secret… Puis, elle n’y pensa plus.

Et la vie reprit dans la villa de Pourville, les jours se succédèrent sans apporter, de faits bien significatifs. De la part de M. Félix Bergemont, Elvire devait en convenir, aucune hostilité ne se manifestait à l’égard de Jean-Louis Vernal et, pas davantage, au sujet de la demande qu’il avait formulée. Tout au plus la jeune fille pouvait-elle s’apercevoir que son père apportait un soin un peu trop assidu à écarter de la conversation tout ce qui pouvait être relatif à l’idée de mariage. Il en était arrivé à bannir du vocabulaire courant tous les termes dont la consonance