nom seul. Or, puisque vous nous avez adressé votre demande à tous deux, je réserve ma propre réponse !
Fâcheuse intervention, Elvire et Jean-Louis s’en rendirent compte tout de suite.
— Oh ! il est évident, fit Bergemont cadet s’adressant à son frère, que tu ne négligeras pas cette occasion de me bafouer en prenant parti contre moi !
— Mon cher, je te ferai remarquer que je n’ai encore rien dit, prononça Bergemont aîné ; mais, puisque tu le prends sur ce ton, je n’hésite pas à déclarer que ta réponse à M. Vernal est parfaitement incorrecte !
— Incorrecte !
— Mais non, protesta Jean-Louis, pas le moins du monde !
— Si, si, incorrecte et désobligeante, appuya l’oncle Tristan ; tu n’as pas à juger la profession de M. Vernal, profession qui dépasse tes faibles compétences, permets-moi de te le faire remarquer !
— Eh bien, non, justement, je ne te le permets pas ! s’écria Bergemont cadet, les yeux hors de la tête ; te figures tu, par hasard, avoir le monopole du bon goût ?
— Il n’est pas question de bon goût, mais de choix judicieux dans une circonstance sérieuse. Or, je me représente sans déplaisir et sans difficulté notre Elvire mariée à un artiste peintre…
Jean-Louis, dans un élan de gratitude, fit un pas vers lui ; Elvire lui jeta un long regard ému.
— … Tandis, poursuivit Bergemont aîné, que je ne la vois pas du tout, mais pas du tout affublée d’un… d’un aviateur !
Et il mit dans ce mot un tel dédain que Félix Bergemont en bondit de fureur.
— Ah ! c’est comme ça, rugit-il. Ah ! Monsieur essaye de me donner en spectacle, de me ridiculiser, de me couvrir d’avanies !… À vous entendre, n’est-ce pas, je suis un niais, un sot, un jocrisse…
— Oh ! monsieur ! exclama Jean-Louis.
— Papa, voyons, tu es fou ! fit Elvire.
Mais Bergemont cadet n’écoutait plus rien. Debout, congestionné, indifférent aux attitudes navrées de sa fille et de Jean-Louis, ne songeant qu’à foudroyer l’adversaire, il proclama :