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L’AVIATEUR INCONNU

vous étiez sortie avec Vernal, et je me suis mis à errer dans Pourville, bien certain de vous rencontrer sur la plage ou au Casino.

— Vous savez, prononça Elvire, que vous nous avez beaucoup manqué, monsieur de Jarcé.

— N’aggravez pas mon désespoir ! Ce sont là les méfaits de la grandeur et de la servitude militaires ; ce soir-là, en effet, il m’a fallu me rendre au ministère, à Paris.

— Enfin, te voilà, c’est l’essentiel. Nous désirons, Elvire et moi, connaître ton opinion sur un nouvel épisode de l’histoire de l’Aviateur inconnu.

— Encore !

— Eh oui ! mon ami ! Et, cette fois, je suis le premier à n’y rien comprendre ! En peu de mots, tu vas être au courant.

Mais Elvire interrompit son fiancé :

— Un instant !… j’ai un coup de téléphone à donner. Je vais jusqu’au Casino, tandis que vous instruisez le capitaine de l’embarras dans lequel nous sommes. Je reviendrai pour entendre son avis.

Et elle se sauva, légère, cependant que Jean-Louis racontait par le menu à son ami l’incompréhensible apparition de l’Aviateur inconnu seconde manière et le préjudice auquel il se trouvait lui-même exposé, sinon dans l’esprit d’Elvire, tout au moins dans celui de Bergemont cadet. Le chef d’escadrille écouta attentivement le récit, puis, après avoir médité, répliqua :

— Je ne puis discerner là qu’une imposture dont un de nos camarades s’est rendu coupable envers toi. Pourtant, je suis à peu près sûr de mes pilotes… Tu te souviens que la plupart d’entre eux ont ignoré tes desseins et t’ont considéré, au cours de ton séjour à Buchy, soit comme un aviateur régulier, soit comme un amateur désireux de se préparer à l’aviation civile. À première vue, j’ai tout lieu de croire qu’une indiscrétion a été commise et qu’on a voulu se gausser de toi. Je te promets d’ouvrir une enquête, c’est, je crois, tout ce que je puis faire.

Mlle Bergemont revint au moment où il articulait ces mots. Elle se mit tout de suite au diapason de la conversation :

— Remarquez bien, dit-elle au capitaine, que nous ne tenons nullement, ni Jean-Louis ni moi, à ébruiter cette