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Avec le français, le latin et un peu de grec, il apprit ce qu’on enseignait alors dans beaucoup de collèges, plus ouverts sur le monde que nous ne le supposons : la musique, le dessin, la peinture. Ces arts d’agrément, un peu dédaignés par ses maîtres, l’attirèrent beaucoup plus que la lecture ou la traduction des auteurs classiques, et lui rendirent, quand il se trouva dans l'obligation de gagner sa vie, de plus grands services. Il leur dut, à certaines heures, de manger à peu près à sa faim.

Malgré son goût médiocre pour les humanités dont abusaient les régents de cette époque et dont ceux de la nôtre abusent peut-être encore, Fabre d’Eglantine, écolier un peu irrégulier, mais brillant et plein de feu, n’avait pas eu beaucoup de peine à se montrer très supérieur à la plupart de ses condisciples qui, incapables d’écarts, bêtes patientes et résignées, labouraient docilement leur sillon. Les Doctrinaires de Toulouse l’apprécièrent à sa valeur. Ils le firent entrer, ses études terminées, dans leur congrégation, moins bien recrutée que celle des Jésuites et où les sujets remarquables n’abondaient pas. En attendant de lui trouver un poste digne de son mérite, ils lui confièrent, dans leur collège, les basses classes, les plus rebutantes de toutes.

L’Académie des Jeux Floraux, la plus ancienne, sinon la plus illustre du royaume, offrait alors à des vanités peu exigeantes des récompenses assez recherchées. Des fonctionnaires à qui leurs charges laissaient des loisirs qu’ils consacraient aux muses, des officiers, surtout des prêtres et des moines, recevaient, en échange de vers correctement médiocres, des fleurs