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avant, des précepteurs de trois ou quatre langues différentes ? Et l’on ne s’est pas avisé de croire à l’abrutissement de leurs royales méninges !  !

Nous sommes de l’avis des professeurs laïques de Montréal qui ont dit : « Il n’est pas prouvé que l’étude de l’anglais nuise à celle du français. » C’est là une question de psychologie ; très complexe qui ne peut être tranchée « a priori. » Et malgré tout le respect que nous professons pour Mgr Ross, nous ne croyons pas que sa réponse, sur ce point, rehausse sa réputation de pédagogue. Voir, à ce propos, ce que disent M. Hector Hamel dans « Le Soleil » du 15 octobre 1920, M. J.-Ed. Mignault dans « La Patrie » du 13 et du 15 novembre.

« Les études finies, au moment de la spécialisation, quelques mois de pratique dans un milieu exclusivement anglais suffiront à vos enfants pour leur faire connaître suffisamment cet idiome. Ils ne passeront peut-être pas pour des Anglais d’origine » (bien sûr !) « mais ils sauront écrire la langue anglaise, ils la parleront avec facilité. C’est un fait que l’expérience a déjà suffisamment montré. » (page 359.)

Où a eu lieu cette démonstration, s’il vous plaît ? La trouvez-vous dans les paroles de l’honorable Athanase David ? de Madeleine ? ou de Paul-Émile Lamarche ? Ou, avec le R. P. Hudon la baserez-vous sur l’exemple de Laurier et de Henri Bourassa ? (cf. Action Cath. 9 déc. 1920.)

Si votre panacée de « quelques mois dans un milieu exclusivement « anglais » était efficace, elle est si simple, ou simpliste, que nous n’entendrions pas tant de récriminations sur le déficit de nos humanistes au point de vue de la langue anglaise. Demandez à ceux qui parlent et écrivent convenablement l’anglais ce qu’ils pensent de « vos données de bon sens » et vous nous en direz des nouvelles !…

« Sur cinq d’entre eux, (les jeunes gens des classes commerciales) vous en trouverez facilement trois ou quatre que l’anglais n’embarrassera pas longtemps, mais vous n’en trouverez pas deux qui pourraient convenablement correspondre avec des maisons de France. Les Français s’en plaignent assez. Même chez nos illustres avocats et chez nos honorables députés, même chez les protagonistes de l’enseignement moderne et chez nos représentants à l’étranger, combien ne se tirent d’embarras qu’à l’aide d’une secrétaire formée dans quelque pensionnat tenu par des religieuses » (page 360.)

Comme incohérence, c’est un beau modèle. Nos avocats, illustres ou non, nos honorables députés, nos représentants à l’étranger ont généralement reçu leur éducation des « tenants irréductibles de la vieille culture « classique. » et c’est pourquoi quelques-uns, conscients de ce qui leur manque, deviennent des protagonistes de l’enseignement moderne, afin que leurs enfants et leurs successeurs ne soient pas dans l’obligation d’avoir à se servir d’une ou d’un secrétaire formé dans l’enseignement primaire supérieur. La correspondance commerciale (française et anglaise) cons-