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« Ces avantages d’un peuple canadien bilingue nous semblent évidents. Et ils s’accroissent de toute la valeur morale et de toute l’influence civilisatrice des deux foyers littéraires entretenus au Canada par la langue de Bossuet et la langue de Newman. Rien ne favorise mieux, la culture de l’esprit que l’échange des idées puisées à leurs sources mêmes ; et les idées ne peuvent ainsi s’échanger que par l’usage des idiomes qui en sont tout à la fois le récipient et le véhicule. »

L’importance de l’enseignement bilingue pour la Canada a été démontrée par le pape Benoît XV lui-même, dans sa lettre « commisso divinitus » publiée (1916), au sujet du fameux article XVII de la loi scolaire de l’Ontario. D’après Mgr Pâquet le pape déclare : « Il faut que cet enseignement se donne dès l’école primaire, alors que les esprits et les organes sont si malléables et qu’il se poursuive ensuite à travers toutes les phases de l’œuvre éducatrice.. »

Les professeurs laïques de Montréal ne parlent pas autrement, et jusqu’à ce que l’on nous ait démontré que tous ces témoignages autorisés n’ont pas d’objectifs et qu’ils ne sont que des allégories, constituant un langage mystique dont le sens orthodoxe ne peut être saisi que par Mgr Ross, J.-E. Prince et quelques illuminés de l’Action Française, je pense bien que je vais continuer à enseigner l’anglais et à le faire enseigner à mes jeunes enfants, sans attendre qu’ils en soient rendus au cours moyen, ou qu’ils aient acquis le génie de leur langue maternelle.

Nous verrons lundi, si je suis en bonne compagnie en cette voie où je me suis engagé.

J.-Ed. Migneault

LETTRE DE M. J.-ED. MIGNAULT, 15 novembre 1920.


Avant d’envoyer nos enfants aux écoles est-il bon de leur apprendre un peu à parler les deux langues ? Quelques témoignages autorisés.

La Patrie, 15 novembre 1920


Au sujet de l’enseignement de l’anglais aux tout jeunes enfants, examinons d’abord ce qui se fait au sommet de l’échelle sociale. Nous y voyons les fils de famille initiés de bonne heure à parler plusieurs langues vivantes. N’avons-nous pas été émerveillés, l’an dernier, par exemple, de voir le prince de Galles parler si bien notre belle langue française ? Les gouverneurs anglais du Canada, n’ont-ils pas été presque tous parfaite-