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sur les Frères que M. Asselin lance ses gros pétards. En effet, les écoles dites commerciales sont presque toutes dirigées par les Frères.

Lorsque le directeur de « La Rente » parle de ces écoles, il parle d’une chose qu’il ne connaît pas. Une école commerciale est une école qui prépare spécialement aux carrières commerciales. Or, les écoles des Frères sont sous le contrôle du département de l’Instruction publique, ou bien elles sont indépendantes. Les unes et les autres suivent le programme des écoles primaires de la province. Lorsque dans ces écoles, on conduit les élèves au-delà de la huitième année, on s’y occupe surtout de culture générale d’après un programme qui peut ne pas plaire à quelques suffisants lettrés, mais qui n’en est pas moins excellent pour cela. Les heureux fruits de cet enseignement seraient plus appréciables encore si l’on ne voulait pas, de parti pris, fermer les portes de l’Université aux diplômés de ces écoles désireux de pousser plus loin leurs études. Cet enseignement ne peut donc être proprement appelé « commercial », vu la part restreinte donnée aux matières commerciales. Lorsqu’on songe au travail inepte qui se fait en certains milieux pour détourner les enfants, surtout les plus intelligents, de l’école des Frères, on ne s’étonne pas que ces derniers aient laissé appeler plusieurs de leurs écoles, « commerciales, » nom qui leur attirait la faveur des parents. En soi, il importe peu qu’une école soit appelée commerciale ou autrement pourvu que l’enseignement qu’on y donne soit conforme aux règles du bon sens et de la saine pédagogie. Mais dans « La Rente », qui d’ordinaire renseigne fidèlement ses lecteurs, M. Asselin ne devrait pas appeler commerciales des écoles qui sont en réalité des écoles du cours primaire supérieur ou en partie secondaire moderne. Alors, pourquoi tous ces Don Quichottes en campagne, au son du banal refrain : « Il y a trop de collèges commerciaux » ?

M. Asselin croit que cette multiplication des écoles soi-disant commerciales s’est faite hors de propos parce que l’éducation économique de la race n’était pas encore commencée. Fallait-il donc attendre que cette éducation fût commencée pour faire quelque chose ? Fallait-il attendre « nos gouvernements et nos classes dirigeantes » qui, paraît-il, n’ont pas fait leur devoir à cette époque ? Ou bien encore, fallait-il attendre M. Asselin lui-même ? À ce compte, nous serions encore dans l’expectative. Non, le seul tort des Frères enseignants est d’avoir amené leurs élèves par la fondation de certaines de leurs écoles à poursuivre plus longtemps leurs études, en ajoutant au programme primaire un enseignement complémentaire dont le temps ne fait que confirmer la valeur et la nécessité.

Puis, vient le vieux cliché de la classe agricole décimée par les écoles dites commerciales. M. Asselin ferait bien de le mettre au nombre de ses clichés funestes. Les statistiques de ces dernières années prouvent