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non avorté ! Malheureusement, dans ce fatras, certaines idées peu justes, entortillées de longueurs baroques menacent de devenir « clichés funestes. » Il est urgent de les signaler, pour qu’à l’avenir, avant de rabâcher ses rondeaux échevelés, M. Asselin les fasse passer à la censure du goût et du bon sens.

Pour aider à comprendre et à bien juger les assertions du directeur de « La Rente, » tirons au clair le fond de son article.

Le marché commercial et les industries du Québec, dit-il, sont en très grande partie aux mains d’Anglais ou d’Américains, Or, d’après lui, les principales causes de cet état de choses sont les suivantes :

1. — La multiplication intempestive des écoles commerciales.

2. — Le dépeuplement des campagnes par ces mêmes écoles commerciales.

3. — L’affaiblissement de la culture française par les maîtres qui dirigent ces écoles.

La suite du même article nous montre que ces causes se réduisent à une seule : le manque de culture intellectuelle solide et française dont les écoles commerciales sont responsables.

En effet, ces écoles sont entre les mains, de Frères vertueux et bien intentionnés sans doute, mais bornés, illettrés et vivant loin du siècle.

Sous la poussée bovine d’un troupeau maigre fasciné par une maigre pâture, ils font de l’anglais la base de leur enseignement, et ils poursuivent un idéal soi-disant utilitaire qui, dans la pratique, se résume la plupart du temps à laver les crachoirs des bureaux anglais.

D’ailleurs, ils sont incompétents. Ils frappent d’aboulie une jeunesse pourtant née intelligente, en fricotant les langues et en surchargeant les programmes, ne sachant faire autre chose que des machines à additionner à $18 par semaine.

L’écrivain en conclut qu’il faut arracher hardiment à ces maîtres demi-illettrés. (a) la direction de la race qu’ils abêtissent et appauvrissent en croyant l’instruire et l’enrichir, et qu’ils sont en train de conduire aux abîmes. Il sera toujours temps ensuite d’organiser sur une base intelligente, l’enseignement de l’anglais.

(a) Dans la « Revue Moderne », du 15 février dernier, il les appelait illettrés tout court. Il y a progrès. (À cette allure bientôt les lettrés seront dépassés.)

Dans l’ordre de l’esprit, a dit M. Asselin, dans la « Revue Moderne » du 15 février dernier, il est toujours risqué de vouloir établir des rapports rigoureux de cause à effet. Sûrement, l’auteur qui s’est risqué à établir les rapports qu’il redoute, s’étonnera d’avoir dit tant et de si gentilles choses. Il encense à sa manière la « vertu » et « l’abnégation ». À lire sérieusement ces tirades obscures, il est visible que c’est principalement