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primaire nous font exprimer l’espoir de voir donner cet enseignement le plus tôt possible ; on peut donc commencer au degré inférieur.[1] »

Voyons de plus près les conséquences qu’entraînerait nécessairement l’adoption du principe de Mgr Ross.

Supprimer l’étude de la langue seconde au cours élémentaire, c’est renvoyer à la troisième année ce travail préliminaire, le programme du cours moyen sera lui-même transporté au cours supérieur, puis celui du cours supérieur à l’école complémentaire. Or, si l’on veut atteindre un aussi bon résultat final pour l’anglais, il faudra, dans quelqu’un des autres cours doubler le temps qui est actuellement attribué à cette langue, ce qui ne saurait avoir lieu qu’au préjudice du français.

Contrairement à ce que propose Mgr Ross, les provinciaux des Frères enseignants et les professeurs laïcs de Montréal ont donc raison de demander l’anglais dès le cours élémentaire, quand ce ne serait que pour éviter de délaisser la mesure convenable, dans les autres cours. Notons bien, cependant, que c’est ce qui arriverait fatalement si on veut quelques succès, si modestes soient-ils, dans la langue anglaise. Donnons donc à notre langue seconde une place raisonnable à tous les cours et gardons au français la première, même à l’école complémentaire.

Il serait, croyons-nous, moins désastreux de supprimer l’arithmétique dans les deux premières années d’études, plutôt que l’anglais, qui demande un plus long entraînement et moins de maturité.

Vouloir supprimer l’anglais au cours élémentaire, c’est pratiquement n’en vouloir pas du tout, pour la majorité de nos compatriotes. En effet, 93% de nos enfants quittent l’école primaire avant, l’âge de 14 ans. Quelles notions appréciables d’anglais pourront-ils en rapporter s’ils n’en ont commencé l’étude dès le début ? Et qu’arrivera-t-il alors ? « Les enfants », comme dit M. J.-Ed. Mignault, « quitteront les Frères enseignants et iront, — pas toujours pour leur bien moral, — chercher ailleurs, dans les écoles mixtes, anglaises et protestantes, ce dont ils ont besoin. »

Gardons nos enfants sous la douce égide de nos religieux et de nos professeurs catholiques : eux les garderont à l’Église et à la nationalité.

J.-Hector Hamel,
ancien instituteur.



  1. Voilà, croyons-nous, qui répond suffisamment aux deux articles savamment élaborés par M. J.-E. Prince dans l’Action Catholique, pour prouver qu’il ne faut pas commencer l’enseignement de l’anglais avant l’heure marquée par Mgr Ross.