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cours se réduit donc à des exercices de langage, leçons de choses et causeries sur images. »

On le voit, la méthode directe d’enseigner l’anglais aux jeunes enfants se borne surtout au vocabulaire et à la prononciation. Ce travail est très élémentaire, très facile et ne présente aucun inconvénient pour la langue maternelle. On l’a constaté pour nombre d’enfants élevés dans des centres essentiellement bilingues. Ils apprennent l’anglais et le français sans qu’on ait constaté que cela nuise à leur santé physique, morale, intellectuelle ou « patriotique ». Parce qu’en classe l’enfant dit table et chaise, en français et en anglais, il ne s’en suit pas qu’il pensera moins en français. Et que sont les courts instants consacrés à la langue seconde, noyés dans le reste de la journée où tout est français ? Cependant, ils sont nécessaires ces instants pour la pureté de l’accent, la mémoire du vocabulaire et surtout pour enlever à l’enfant la gêne qu’il éprouve toujours de parler anglais quand il ne s’y est pas exercé dès ses jeunes années. Que de fois n’a-t-on pas vu dans les classes, des élèves à qui il était impossible de faire prononcer deux mots anglais de suite, étouffés qu’ils étaient par la gêne de savoir leur prononciation défectueuse. Plus l’étude de cette langue commencera de bonne heure, moins cette gêne exercera sur les élèves sa tyrannie néfaste. Nous avons vu des cas où, avec certains élèves n’ayant pas étudié d’anglais avant la troisième année, il fut impossible de les décider à parler cette langue. La lecture en classe même leur était un supplice, et généralement ces enfante quittaient l’école sans avoir pu vaincre leur timidité.

Le même inconvénient a été constaté en Belgique où, au dire de M. de Trooz, ministre de l’Instruction Publique, « les élèves des écoles primaires communales wallonnes ne peuvent passer directement à la section moyenne, parce qu’ils ignorent souvent même les premiers éléments de la langue flamande, alors que les élèves sortant de la section préparatoire ont étudié celle-ci pendant six ans déjà. »

Nous le redisons donc, le premier travail sur la langue seconde, s’il est fait intelligemment, n’attaque en rien la manière française de penser et ne nuit en rien à la formation de l’enfant. Citons encore nos trois prêtres pédagogues belges. « Cours complet de Pédagogie », page 372. « Des expériences récentes, dans les écoles gardiennes d’une de nos grandes villes ont même démontré d’une façon irréfutable que l’on peut commencer avec succès l’étude d’une seconde langue au jardin d’enfants. Au point de vue psychologique pur, il est évident qu’il serait préférable de commencer cet enseignement plus tard, mais l’importance du but à atteindre et malheureusement le peu de temps que les enfants passent à l’école