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rang. « Or, » comme dit M. Conrad Pelletier, C. R., bâtonnier du barreau de Montréal, « dans les carrières professionnelles, dans le commerce, dans l’industrie, si l’on veut, atteindre à un plus grand succès, il est indispensable de savoir parler l’anglais », et contrairement à ce que semble affirmer l’Action Catholique du 8 octobre, aucune maison anglaise ne se souciera des services d’un Canadien français s’il ne parle que sa seule langue maternelle : c’est un fait d’expérience, et nous aussi, nous demandons « qu’une place plus considérable soit faite à la langue anglaise dans l’école primaire. »

Mgr Ross propose l’exemple de la Belgique, « pays qu’on n’accusera pas d’être arriéré et sans expérience » dit-il. Nous acceptons ce critérium et nous allons citer le témoignage de trois prêtres belges, le chanoine A. Auger président du Séminaire de Bonne-Espérance, l’abbé L. Haustrate, inspecteur diocésain et l’abbé A. Labeau, principal du collège Saint-Vincent à Soignies. Ces trois personnages ecclésiastiques sont les auteurs du « Cours complet de Pédagogie à l’usage des écoles normales ». Nous lisons dans ce remarquable ouvrage, à la page 370 : « Au point de vue formel, l’enseignement d’une seconde langue peut être un excellent exercice. Il développe la mémoire, qui s’attache à retenir les mots et constructions propres à cette langue. Il met en jeu le jugement et le raisonnement par le choix des mots précis, par l’association des mots de même famille, par l’induction des règles, etc. »

« Mais à l’école primaire, c’est, surtout, au point de vue réel et utilitaire que cette étude présente des avantages. Sans aller jusqu’à dire, avec un roi de Prusse, qu’un homme parlant facilement deux langues vaut deux hommes dans la vie, il faut reconnaître que la connaissance d’une seconde langue est importante pour tout homme, qui veut avoir des relations d’affaires assez étendues. Et quel homme, quel Belge surtout ne se trouve pas dans le cas de traiter avec des étrangers, avec des compatriotes parlant une autre langue que la sienne ? La connaissance des langues parlées en Belgique est une condition nécessaire souvent, utile toujours, pour l’entrée dans les diverses carrières auxquelles peuvent se préparer les élèves sortant de nos écoles primaires. Et, si nous voulons considérer les choses de plus haut, la diffusion des langues parlées en Belgique est un puissant moyen d’éducation nationale, un facteur important de la prospérité publique. »

Dans toute cette citation, il n’y a qu’à remplacer Belgique et Belge par Canada et Canadien français.

Mais, diront ceux qui ne voient pas les conséquences de la suppression de l’anglais au cours élémentaire, Mgr Ross est en faveur de l’anglais ; Il donne à cette langue une large part dans les cours moyen et supérieur ; et à l’école complémentaire « On fera tout l’anglais qu’on voudra », dit-il.