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nous nous garderons bien de prêter une intention malveillante au très distingué principal. Cependant, nous constatons le fait ; les six articles ne sont parus qu’à la dernière heure, ne laissant à personne la faculté de mettre les intéressés au courant de l’opinion publique et des saines méthodes de la pédagogie.

Puisque le retard apporté dans la discussion du projet de refonte nous favorise, nous nous rendrons au désir exprimé par des amis de l’éducation, et nous nous autoriserons des quatorze années que nous avons passées à l’enseignement dans différents collèges commerciaux pour compléter ce que nous avons dit et pour corroborer les témoignages de ceux qui pensent que tout ce qu’avance le distingué parrain du nouveau programme n’est pas toujours marqué au coin de la pondération, de la réalité des faits, ni même de la science pédagogique.

L’idée première qui a présidé à la refonte du programme est qu’il faut « alléger, » et sous l’empire de cette conviction, Mgr  propose que l’on n’aborde l’étude de l’anglais qu’au cours moyen. Et c’est sur ce point que se concentre principalement le débat.

De très forts témoignages sont venus de toutes les régions pour dire bien haut que nous devons enseigner l’anglais à l’école primaire même dans les premières années, mais peut-être voudra-t-on récuser ces témoignages au point de vue de la science pédagogique ? D’éminents citoyens, en effet, qui se sont prononcés en faveur de l’anglais, ont déclaré n’être pas compétents en pédagogie, — et cette modestie les différencie d’avec certains zélés qui demandent la suppression de l’anglais à l’école élémentaire, — mais voici deux opinions qu’on ne peut raisonnablement éliminer : celle des provinciaux des congrégations enseignantes, citée par Mgr  Ross lui-même, et celle des professeurs laïcs de Montréal.

Quand on considère l’usage qui a été fait de l’opinion écrite des provinciaux, sur ce point particulier de l’enseignement de l’anglais à l’école primaire, on se prend à regretter que pour fonder ici son argumentation, Mgr  le principal ne se soit pas contenté des ouï-dire, comme il a fait sur plusieurs autres points.

Étudions un peu l’extrait du mémoire des provinciaux, cité par Mgr  Ross, et voyons s’il comporte toutes les calamités que certains pessimistes y ont vues.

« Les Frères demandent une place plus considérable à l’anglais dans l’école primaire. »

Cette demande est-elle raisonnable ? Nous le croyons. Nous sommes Canadiens français, il est vrai ; mais n’oublions pas que nous vivons dans un pays aux trois quarts de langue anglaise, et que demander pour la langue seconde une place plus large n’implique nullement l’idée que la langue maternelle doive être supplantée ni déchoir du premier