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part se contenteront et devront se contenter des écoles ordinaires. Il faudra donc alors se résigner à voir les élèves en sortir nullement préparés à la lutte pour la vie et ce qui arrivera est facile à prévoir : les élèves quitteront les Frères enseignants, et iront — pas toujours pour leur bien moral, — dans les écoles mixtes, anglaises et protestantes, chercher ce dont ils ont besoin.

On dit que les élèves sortant des classes des Frères et arrivant au cours classique ne savent pas leur français. Quels élèves ? des « beaux » garçons n’ayant pas fait leurs classes, et enjôlés pour le séminaire par de zélés recruteurs désireux de se mettre en faveur ? Les élèves ayant fait leurs classes chez les Frères et conseillés par eux d’aller au séminaire, ont fait bonne figure et ont pu supporter avantageusement la comparaison, sous tous les rapports, avec les enfants de même âge de formation classique : je pourrais en appeler à plus d’un monsieur prêtre. Quant aux autres, il est probable que les Frères n’ont pas encore trouvé le sérum de la bactérie de l’intelligence.

Autre reproche : les Frères gavent les enfants. En quoi ? Comment ? Rien de précis : ils en font trop et n’en font pas assez ; on ne sait à quoi s’arrêter. Le prétendu gavage dont on les accuse est facile à expliquer. C’est que la classe d’un Frère est un feu roulant. On ne laisse pas les enfants languir et fainéanter des heures de temps. Du reste, depuis longtemps les Frères et les inspecteurs se sont chargés de dégrever eux-mêmes le programme. L’enseignement vivant et intelligent, voilà tout le secret du gavage.

Des élèves diplômés, dit-on, dans des académies de renom ont été trouvés ne sachant pas bien leur français. D’abord, il y aurait une distinction à faire entre les élèves porteurs d’un diplôme d’avec ceux porteurs d’un simple certificat. Ce dernier ne certifie pas grand-chose, sinon que le porteur n’a fait qu’un cours abrégé, et partant incomplet. Les diplômés font généralement honneur à leur alma mater. En serait-il autrement quelquefois, qu’il ne faudrait pas y attacher une importance extrême. Il y a, pas très loin en philosophie, un petit principe qui dit de ne pas conclure du particulier au général. Autrement les écoles normales et les collèges classiques seraient souvent en mauvaise posture. Ne connaît-on pas un marchand de Québec possesseur de toute une série de lettres venant de gens ayant fait des études classiques et qui attestent, de la part des auteurs, une inconcevable ignorance de la belle langue française ? D’éminents professeurs d’écoles spéciales n’ont-ils pas déclaré que nombre de leurs élèves venant des cours classiques ne savaient pas résumer une question — ne savaient pas synthétiser — ni avec précision, ni avec correction ? Des employés du gouvernement chargés de recevoir des rapports d’anciens bacheliers, ne disaient-ils pas que les dits rapports