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enfants ; les professeurs qui reçoivent ces élèves dans leurs classes en savent quelque chose. Non, ce ne sont pas quelques demi-heures d’anglais, données surtout au point de vue de la prononciation, qui vont enlever aux enfants « le sang français qu’ils ont dans les veines » ou qui vont nuire à leur développement intellectuel, à leur capacité de s’assimiler des idées nouvelles, et à toutes ces grandes et belles choses.

En passant, Mgr  le Principal ouvre des horizons nouveaux aux professeurs primaires et leur montre comment rendre leur enseignement « vivant ». Connu ! Il me semble qu’il y a longtemps que les manuels de pédagogie renferment ces choses-là ; qu’il y a longtemps aussi que les vrais pédagogues savent qui, en plus de l’enseignement vivant, il faut, pour les enfants qui savent, lire, un bon manuel, simple, clair, qui aide à « la capacité de synthétiser de ces chers petits ». Pour soutenir le contraire, il faut une pédagogie toute livresque. Autre chose est de faire de la pédagogie dans les colonnes d’un journal, et autre chose d’en faire six heures par jour devant quarante mioches turbulents et très peu disposés à synthétiser. Pourquoi nous payer de mots ?…

Il paraît qu’on fait aussi trop d’anglais, d’une façon générale, tout le long du cours. Je sais pertinemment que l’anglais occupe un rang plutôt secondaire, trop secondaire même dans la plupart des cas. On pourrait en appeler à tous les patrons qui reçoivent les élèves des écoles paroissiales ; on pourrait en appeler à ces élèves pour nous dire s’ils savaient trop ou trop peu d’anglais à leur sortie des classes. Combien se sont vu refuser des positions enviables et enviées, par suite de leur faiblesse sur ce point. L’homme ne vit pas seulement de principes : il vit de pain aussi et les écoles primaires ont contribué pour une très large part à en mettre sur la table du pauvre, à y apporter même une honnête aisance, quelquefois la fortune. Le peuple canadien n’est pas un peuple de marchands, y lit-on ; mais il ne doit pas être non plus un peuple de beaux discoureurs. L’avenir n’est pas aux beaux discours, mais à l’énergie, aux grandes initiatives, et de cela les collèges commerciaux ont été d’aussi puissants facteurs que les collèges classiques. Il suffit d’ouvrir les yeux, si le parti pris n’aveugle pas, pour s’en convaincre.

On pourrait en dire autant de l’enseignement de la comptabilité en 5e et 6e années. On a vu à charge à eux-mêmes et à leur famille, de beaux parleurs, incapables de rendre le moindre service à leur père commerçant ou industriel, ne comprenant même pas ce que signifiaient les expressions 30%, 45% et autres semblables. En bonne vérité, qu’allaient-ils faire dans cette galère ? D’après Mgr  Ross, il faudrait renvoyer aux écoles complémentaires l’enseignement pratique et efficace de la comptabilité. Or ces écoles complémentaires seront, comme le sont aujourd’hui les collèges commerciaux, fréquentées par un bien petit nombre. La plu-