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Il peut en être de même de tous nos enfants ; sauf l’anglophobie. Nous ne voudrions pas pour rien au monde qu’on enseignât le mépris des anglais à nos enfants, pas plus que nous n’aimerions qu’on cultivât chez les petits Anglais le mépris de notre race.

Ce que nous souhaitons, c’est que nos petits gars, surtout, puissent le plus tôt possible, faire connaissance avec la langue anglaise, afin de les préparer dès l’âge le plus tendre aux luttes pour la vie.

Exagérons-nous ? Nous ne le croyons pas et nous pensons avoir de notre côté tous les patriotes soucieux de l’avenir de notre jeunesse, qui préparera l’avenir de notre race.

Qu’on donne la première place au français dans l’enseignement primaire ; mais qu’on ne néglige pas l’anglais et l’on verra dans dix ou quinze ans les résultats d’un tel enseignement.

Nous croyons trop à la survivance de notre race pour craindre que l’enseignement de l’anglais à la petite école la transformera. Et là-dessus notre conviction est bien profonde, et bien sincère.


« LA PRESSE », 4 octobre 1920.

Pas de faux patriotisme !


Si l’on ne doit pas faire d’une question de pédagogie une question de personnes, il semble qu’on ne doive pas davantage en faire une question de sentiment. Dans l’un et l’autre cas, on embrouille inutilement les choses, au point de rendre impossible, peut-être la solution d’un problème qu’une étude sérieuse, à sang-froid et à tête reposée, rendrait relativement facile.

Ainsi, certains ne veulent voir dans les partisans de l’enseignement de l’anglais aux enfants canadiens-français de la province de Québec, dès les premières leçons du cours élémentaire, que des agents d’anglicisation, des déformateurs de notre caractère national. Pourquoi déplacer ainsi la question et la porter sur un terrain qui n’est pas le sien, bien qu’elle s’y rattache par plusieurs points de contact ?

Loin de s’occuper au « travail effrayant » de ruiner notre structure ethnique et d’annihiler nos forces de résistance, les champions de l’enseignement de l’anglais dans les écoles primaires canadiennes-françaises s’emploient, au contraire, à consolider notre structure nationale en élargissant les bases sur lesquelles elle s’appuie et à augmenter ses moyens