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Nous insisterions sur l’enseignement de l’anglais dès l’école maternelle même, tant nous sommes convaincus de la nécessité de posséder l’anglais pour rivaliser avec les concurrents anglo-canadiens et autres dans la lutte pour la vie.

Qu’on n’aille pas penser, toutefois, que nous exigeons que l’enseignement de l’anglais soit sur le même pied que celui du français ; qu’on donne tout au plus chaque jour une vingtaine de minutes à des rudiments de conversations anglaises.

L’enfant, à la petite école est friand de nouveauté ; et bien, qu’un pédagogue averti, possédant bien le génie et les nuances de l’anglais fasse de son cours d’anglais un cours attrayant. Si ceux qui nous lisent veulent bien remonter dans leurs souvenirs, ils se rappelleront combien ennuyante était au temps passé, la classe d’anglais dans beaucoup de nos maisons d’enseignement. Rien de surprenant alors que tant d’hommes de notre génération aient à apprendre l’anglais une fois leur cours d’études même classiques, terminé.

L’anglais est la langue la plus facile du monde à apprendre ; le petit italien, le petit chinois, le petit russe, le petit espagnol, émigré en pays anglais, aux États-Unis ou dans une de nos provinces anglaises, l’apprennent peu de temps après leur arrivée au pays. Nous avons été à même de constater ce fait plus d’une fois, aussi bien dans notre province que dans l’ouest et aux États-Unis.

Et cette connaissance, quoique rudimentaire de l’anglais ne change aucunement la mentalité de ces petits bonshommes.

Pourquoi craindrait-on qu’il en fût autrement de nos jeunes compatriotes.

Il y a plus. L’enfant familiarisé dès la petite école avec l’anglais, ne sera jamais en peine pour se tirer d’affaires. Ceci nous fait penser à un petit homme de dix ans qui parle mieux l’anglais que son père, pourtant un homme instruit et bachelier ès-arts, s’il vous plaît.

Tandis que le bambin, après avoir puisé à la petite école des Sœurs quelques notions d’anglais, a eu l’avantage d’avoir ensuite de petits anglais pour compagnons de jeu, son bonhomme de papa n’a apporté avec lui que ce que l’enseignement classique lui avait appris d’anglais.

Le bambin aujourd’hui ne craindrait pas de rencontrer son semblable au jeu ou n’importe où, tandis que son père évite une longue conversation en anglais et ne peut même pas écrire une lettre en anglais sans faute. Il se contente de comprendre ce qu’il lit dans les journaux et les livres de langue anglaise.

Et cet enfant n’est pas pour tout cela plus anglomane : oh ! non, bien loin de là. Allez donc lui parler de l’Angleterre, par exemple ; son père serait obligé de le faire taire, tant il a parlé parfois un langage séditieux.