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NÎSIMA ET LA DÔCHICHA

De temps en temps, quelques échos de cet antichristianisme d’Extrême-Orient arrivent jusqu’à nous. Naturellement, on en cite surtout ce qui permet d’assimiler les Japonais à des libres penseurs français et leurs journalistes à des rédacteurs de l’Action ou de la Raison. Je choisis, parmi ce que l’on ne cite jamais, trois questions posées par un journal de Tôkyô à ses lecteurs, avec sommation aux chrétiens d’y répondre. Le titre seul de la feuille est une indication : Japon ou Christianisme. Ce n’est pas la libre-pensée, c’est le vieux Nippon qu’on oppose à la religion dénoncée. L’inspiration est purement nationaliste. Voici les trois questions :

1o Est-il possible de concilier le caractère sacré de l’empereur du Japon avec l’enseignement du christianisme, d’après lequel Christ est le chef suprême de tous les êtres visibles et invisibles ?

2o N’est-il pas contraire à la Constitution japonaise d’admettre, à côté du souverain du pays, d’autres êtres supérieurs, comme un Dieu, un Jésus, une Église, une Bible ?

3o Les chrétiens considèrent-ils Jésus comme un fidèle sujet de l’empereur du Japon ou bien estiment-ils que ce dernier doit reconnaître la puissance suprême du Christ et s’adresser à lui en ces termes : Jésus, fils de Dieu, aie pitié de moi ?[1]

Aux polémiques de la presse et des réunions s’étaient ajoutées des mesures administratives. On

  1. Yersin, Courrier missionnaire, t. II, 1902, p. 119 ; War-Neck, Abriss einer Geschichte der protestantischen Missionen, p. 420.