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LE PROTESTANTISME AU JAPON

folie et qui allaient contre le but poursuivi par le Japon. Si la liberté religieuse, si heureusement proclamée dans la Constitution, était supprimée, la clause d’exterritorialité n’était pas à la veille de disparaître. Le gouvernement le fit entendre aux politiciens les plus agités.

Les ordres officiels n’empêchèrent pas des vexations de se produire. Il y eut des attaques contre quelques écoles ou chapelles. Un prince du sang, qui exerçait un haut commandement militaire, mit ceux de ses soldats qui étaient chrétiens en demeure d’abjurer. Sauf un, les soldats des deux garnisons qui étaient sous ses ordres obéirent et demandèrent à être rayés de la liste des membres de leurs Églises ; ils ajoutaient qu’ils n’en restaient pas moins chrétiens dans leur cœur. Les pasteurs indigènes protestèrent, comme sujets fidèles du Mikado, contre cet acte d’intolérance. On leur répondit, en termes embarrassés, que l’ordre du jour du général était dirigé contre le christianisme considéré comme une puissance étrangère et non comme une religion. Cela se passait encore en 1894[1]. D’autres faits analogues s’étaient produits dans les années précédentes[2].

La lutte s’était surtout portée dans les écoles. Les maîtres, à tous les degrés de l’enseignement, affirmaient sans cesse que tous ceux qui croyaient au Christ étaient traîtres à la patrie. Les instituteurs

  1. Allg. Missionszeitschrift, 1894, p. 273.
  2. Cf. Rapport de l’American Board pour l’année 1892, p. 81.