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NÎSIMA ET LA DÔCHICHA

se sont sentis tenus d’être au courant des méthodes des sciences et de leurs résultats. En attendant, les auditoires de leurs contradicteurs acclamaient d’enthousiasme les argumentations contre l’Évangile ou le simple spiritualisme. Les ouvrages qui étaient dans ce goût rencontraient une vogue croissante. On était tout fier de répéter ce qui était apporté comme le dernier mot de la science. Et puis on y trouvait de quoi satisfaire l’exigence intime d’un chauvinisme aigu.

Un événement politique précipita la crise. La transformation inaugurée en 1868 aboutissait peu


    les secondes. Il devait fatalement en être ainsi, car le peuple désirait surtout les avantages matériels de la civilisation étrangère, bien plus que les théories qui ne rapportent rien. Aussi, de même qu’on s’était fatigué des interminables systèmes de la philosophie chinoise, se lassa-t-on bientôt des discussions politiques. Qu’avaient surtout vu, en Europe, les envoyés officiels ? Des chemins de fer, des télégraphes, des théâtres, des musées. Voilà ce qu’il s’agissait de réaliser au Japon. Les deux écoles se séparèrent donc et même devinrent quelque peu ennemies… » L’introduction des nouvelles doctrines de philosophie naturaliste eut, par un autre côté, son contre-coup sur les idées démocratiques. Katô Hiroyuki, qui prêchait le darwinisme, avait soutenu naguère ces idées. M. Yamaji décrit ainsi le bouleversement qui se fît dans sa doctrine politique : « Lui, le défenseur acharné des droits de l’homme, se prit à réfléchir que, si réellement l’homme descend du singe, il n’a, par nature, aucun droit. Sur cette nouvelle conviction, il renia avec éclat ses anciennes croyances, retira de la circulation ses premiers ouvrages où il soutenait les droits de la liberté et édita un ouvrage intitulé : Nouvelle opinion sur les droits de l’homme, dans lequel il édifiait tout un système politique et moral basé sur l’hypothèse évolutionniste. » (Mélanges japonais, n° 14, avril 1907, p. 177, 180.) Nakaé devait finir par le pessimisme radical. (Voir plus loin, p. 140.)