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de Shangaï. Ce fut, devant le jeune Japonais, l’évocation troublante d’un monde mystérieux et attirant. Une autre révélation lui était réservée. Dans la petite bibliothèque d’un de ses amis, il découvrit quelques pages déchirées de la Genèse. Dès lors, il brûla du désir de connaître le Dieu dont il lui était ainsi parlé. Il décida de se rendre en Amérique. Mais il était interdit, sous peine de mort, de quitter le Japon.

Le jeune homme ne voulait point partir à l’insu de ses parents. Il leur fit la confidence de ses desseins et eut raison de leur résistance. Il obtint même la permission tacite de son daïmio. Mais c’était à lui de trouver les moyens de sortir de l’empire sans se faire prendre. Il se rendit à Hakodaté, dans l’île d’Yezo, l’un des ports ouverts depuis 1853, mais sous contrôle, au commerce étranger. Là, il parvient à se cacher, sous un tas de légumes et d’autres provisions, dans une barque qui va se rendre auprès d’un navire en partance. Puis, en risquant sa tête, il grimpe à bord de ce navire et s’y dissimule. Le jour où le bateau doit lever l’ancre, les commissaires japonais viennent l’inspecter minutieusement. Ils doivent s’assurer si quelque transfuge ne s’y trouve pas. Nîsima, blotti dans un réduit invraisemblable, échappe à leurs recherches. Il ne sort de son trou qu’après le départ du bateau. Il arrive à Shangaï. Là, il est absolument sans ressources, ses maigres économies ayant payé son passage. Pour gagner l’Amérique, il s’engage comme matelot. Il veut tra-