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déclaré religion d’État. Ces absurdités étaient sérieusement discutées. Les missionnaires protestants s’élevèrent contre elles. Ils ne désiraient et ne réclamaient qu’un régime de droit commun. Cinq ans plus tard, l’article 28 de la nouvelle Constitution, promulguée le 11 février 1889, proclama la liberté religieuse pour tous les Japonais « en tout ce qui n’est ni préjudiciable à la paix publique et au bon ordre, ni contraire à leurs devoirs de sujets ».

Les hommes dont le travail était ainsi facilité passaient par des heures de joie. Ils eurent parfois peut-être la vision d’un peuple qui, dans un élan d’enthousiasme, accourait au-devant de leur Évangile. Aux environs de Kumamoto, à Hanaoka-Yama, s’était constituée une ligue d’une trentaine de jeunes gens, dont plusieurs ont acquis une grande notoriété, MM. Ébina Danjô, Ukita Wamin, Ozaki Kôdô, Yokoï Tokio, Oshikawa, etc. Ils avaient juré de laisser de côté la politique pour se consacrer exclusivement au progrès spirituel de leur patrie par la diffusion du christianisme. Autour d’un homme dont nous aurons à parler plus amplement, Nîsima, ils menaient la bataille pour leurs idées avec un irrésistible entrain. Ils avaient fondé la première revue chrétienne, le Rikugo Zasshi. Ils s’imposaient à l’attention du public. Devant ces faits, et bien d’autres, il y eut sans doute quelques missionnaires pour croire à une victoire totale et prochaine de la religion qu’ils apportaient… C’était une illusion. Elle ne dura pas longtemps. Les plus optimistes furent vite pris