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des communautés étrangères ou tout au moins dirigées par des étrangers. Elles entendent avoir leur autonomie, s’administrer elles-mêmes, prendre en mains leurs propres destinées. Elles savent qu’une telle prétention ne saurait aller sans des sacrifices sérieux ; elles acceptent ces sacrifices. En 1877, leurs contributions montent à 17.750 francs pour 1.761 membres. Une voyageuse attentive, qui visite vers ce moment le Japon, est frappée de ce qu’elle y rencontre dans ces Églises. À Kôbé, elle visite une communauté qui compte 300 membres, donne 5.000 francs pour la construction de son temple, secourt les pauvres, assure le traitement de son pasteur. À Ôsaka, elle en voit une autre qui entretient à ses frais une école de filles[1]. Donnant ainsi de leur argent, ces chrétiens entendent n’être pas traités en mineurs par les étrangers dont ils ont accepté l’enseignement. De là, le succès qu’obtient alors le congrégationalisme fondé sur le principe de la souveraineté de l’Église locale. Cette sorte d’harmonie préétablie entre un système ecclésiastique et le caractère nippon assure très vite le rôle prépondérant de la Société de Boston (American Board). Dès le mois de janvier 1878, des délégués des communautés indigènes se rattachant à ce groupe fondent un comité japonais pour l’évangélisation de l’Empire. Ils ne sont qu’une poignée, mais ils affirment que l’avenir du pays les regarde et que la « christianisa-

  1. Isabelle Bird, Unbeaten Tracks in Japan (Londres, 1880) ; Cf. Allg. Missionszeiischrift, 1881, p. 425.