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êtres. C’est lui qui a reçu la cause de la différenciation des sexes ; car les sexes qui ont reçu le souffle éclairé sont devenus mâles ; ceux qui ont reçu le souffle ombré sont devenus femelles. La lune est de l’espèce féminine ; aussi tout ce qui est du genre féminin sur la terre a d’intimes connexions avec la lune, etc., etc. »[1] La politique préoccupe d’ailleurs ce critique tout autant que la spéculation. Ce qu’il reproche le plus au christianisme, c’est d’enseigner une doctrine opposée à la piété filiale et à la loyauté envers le Prince. L’Évangile aboutit directement au système républicain ; poussé à l’extrême, il conduit à l’anarchisme. Un État constitué ne saurait subsister avec un principe de fausse morale qui mine toute autorité et supprime toute hiérarchie.

Mais toutes ces attaques sont précisément suscitées par la faveur croissante, inouïe, que la propagande chrétienne rencontre alors dans une partie de l’opinion[2]. Elles soulignent cette faveur, qui se

  1. M. Yainaji Aizan, à qui j’emprunte ces détails, se moque de cette philosophie. Mais, tout en se déclarant chrétien et protestant, il tient à souligner la critique que Sokken fait des dogmes traditionnels. Il reproche aux missionnaires d’alors d’avoir trop souvent esquivé les difficultés, surtout en ce qui concerne la critique biblique : « ils croyaient, dit-il, enlever ainsi tout doute à une jeunesse avide de claire lumière ; ils ne faisaient que compromettre la foi qu’ils prêchaient. » Mélanges japonais, n° 13, janvier 1907, pp. 136-138.
  2. En la quatrième année de Meiji (1871), Nakamura Seichoku, qui rêvait de fondre en une seule religion le confucianisme et le christianisme, avait adressé à l’Empereur une supplique qu’il publia, sans signature, dans un journal de l’époque, le Shimboun Zasshi. Il y demandait que le christianisme fût non