Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était-il installé à Kanagawa (tout près de Yokohama), qu’on le priait de recevoir chez lui douze jeunes gens de haute naissance pour leur enseigner la langue anglaise. Cela se passait bien avant la révolution de Meiji. Rien ne montre mieux combien cette révolution a eu des causes profondes et n’a pas été purement accidentelle.

En 1863, sous l’impression du bombardement de Kagoshima et de Simonoséki, le gouverneur de Nagasaki pria Verbeck de fonder une école qui serait une école officielle et où l’on enseignerait les langues et les sciences de l’Occident. Le missionnaire ne pouvait pas refuser : on lui offrait le moyen le plus commode d’être en contact immédiat avec une jeunesse riche en aspirations nouvelles, et d’exercer sur elle légitimement son influence. L’école fut bientôt ouverte et tout de suite compta plus de cent élèves, appartenant tous aux familles les plus distinguées. La plupart était de jeunes samouraï de l’île Kiou-Chiou ; mais d’autres venaient de plus loin. Parmi eux étaient les deux fils du futur président du Conseil des ministres, M. Iwakura ; deux autres élèves devaient être un jour le comte Ôkouma et M. Sojeschima. Bref, c’était une élite qui accourait autour de Verbeck. La plupart des hommes qui, plus tard, ont plus ou moins marqué dans la vie politique du Japon, sont passés par cette école de Nagasaki. Verbeck les initiait à la fois au Nouveau Testament et à l’histoire des États-Unis[1]. Puis l’on s’occupait de toutes les

  1. Ce fait est à rapprocher de l’enthousiasme à l’égard de la