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quentaient la même école au commencement de Meiji, et que tous étaient remplis de la plus grande admiration pour le système républicain : « Sans cela, disaient-ils, impossible de rendre le pays riche et de constituer une armée forte. »[1] On voit l’association d’idées qui s’établit, chez ces jeunes gens, entre la constitution politique des États-Unis et l’impression produite par la première flotte qui avait forcé l’entrée de leur pays. D’après les mémoires de Yokoï Shônan, assassiné en 1869 par les adversaires du nouveau régime, Mori Arinori, qui devait être ministre de l’instruction publique de 1885 à 1889[2], était un admirateur fervent de la démocratie américaine. Yokoï lui-même avait professé très ouvertement qu’il fallait en finir avec la coutume féodale, qui conférait les droits par l’hérédité, pour n’élever au pouvoir que des hommes de talent et de mérite… Vers la deuxième ou la troisième année de Meiji, Ueno Kanenori, alors secrétaire des Affaires Étrangères, tenait des réunions dans les auberges

  1. J’emprunte ces détails et quelques-uns de ceux qui suivent à la brochure japonaise publiée, en 1906, à Tokyo, par M. Yamaji Aizan, Étude critique du christianisme au Japon, et dont un résumé abondant et beaucoup de citations ont paru dans la revue Mélanges japonais (1907), librairie Sansaisha, Tôkyô. Cette brochure est précieuse parce qu’elle présente les faits du point de vue japonais. Tout en rendant hommage aux missionnaires, l’auteur leur est souvent hostile et les critique. Les Mélanges japonais sont une mine de documents à laquelle je recourrai souvent.
  2. Il a été assassiné le jour même de la promulgation de la Constitution, le 11 février 1889, pour avoir osé soulever de sa canne le rideau du temple d’Isé.