Page:Allier - Le protestantisme au Japon, 1908.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec les étrangers. C’étaient ceux-là qui, sans s’en douter, devaient favoriser la naissance du nouveau Japon et, en ajournant l’explosion de l’intolérance, préparer le régime de la liberté. Mais l’heure de ce régime n’avait pas encore sonné. L’ancienne proscription ne tarda pas à reparaître dans les termes suivants : « La secte chrétienne est interdite comme elle l’a été jusqu’à présent. Cette secte perverse est interdite comme elle l’a été depuis deux cent cinquante ans. » Cet édit renouvelé (22 avril 1870) était inscrit sur des tables publiquement exposées dans les carrefours de Tokyo, aux portes de toutes les villes et jusque dans la campagne. Il y avait des lois qui obligeaient à déclarer qu’il n’était pas chrétien tout homme qui voulait entrer en condition, louer une maison ou voyager librement. Le prince Iwakura justifiait ainsi ces mesures : « Notre gouvernement repose sur ce principe : que le Mikado est divin, fils du Ciel, fils de Dieu. Cela est. Le christianisme voudrait apporter un second fils de Dieu. C’est pourquoi nous lui résisterons comme s’il était une armée envahissante. »

Cependant quelques uns des initiateurs de la révolution de Meiji songeaient à rompre avec la politique traditionnelle de l’Empire. Ils étaient disposés — Ôkoubo en tête — à traiter avec les puissances européennes et, grâce à leur influence, le Mikado invita les ministres anglais et hollandais à venir à Kyôto conférer avec son gouvernement. Ôkoubo se décide soudain à présenter à l’empereur son fameux mémoire