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services possibles[1]. Dans ces conditions, l’évangélisation était à peu près nulle. En 1865, le premier converti, Yano, demanda le baptême sur son lit de mort et le reçut en présence de toute sa famille. Son exemple ne fut suivi par aucun des siens.

II

Après la révolution de 1868, la liberté religieuse ne fut pas proclamée d’emblée. Jusque là, sur les places publiques et sur les chemins, s’était étalée l’affiche rappelant la proscription du christianisme et les primes promises aux dénonciateurs. Lors des événements de Meiji (les Japonais parlent de Meiji comme les Musulmans de l’Hégire et nous de « 89 »), ces placards ent jetés terre. Mais le vieux Japon était plus vivant que jamais. Les militaires ne demandaient qu’à continuer leur métier et qu’à chasser les barbares ; plusieurs des diplomates et des conseillers du Mikado réclamaient la fermeture immédiate de tous les ports ; les prêtres chintoïstes exigeaient la proscription des indigènes chrétiens, dénoncés comme des traîtres. Quelques modérés non moins réactionnaires, mais plus prudents que les autres conseillaient de patienter jusqu’à ce que l’armée fût assez exercée pour pouvoir se mesurer

  1. Verbeck était, entre tous, admirablement outillé pour cette œuvre. Il s’était préparé tout d’abord à la carrière d’ingénieur et avait une forte culture scientifique. De plus, il possédait à fond les langues anglaise, allemande et hollandaise. En peu de temps il réunit autour de lui un grand nombre d’élèves.