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assez misérables, et à Nagasaki[1]. Ces missions dépendaient d’Églises épiscopales, d’Églises presbytériennes, d’Églises réformées hollandaises, toutes d’Amérique. C’était en 1859. La religion chrétienne était encore proscrite par les édits du dix-septième siècle. Toute propagande publique était défendue. D’autre part, un article du traité conclu avec les États-Unis obligeait les contractants à ne rien se permettre qui pût exciter ou seulement éveiller les passions religieuses. Les missionnaires en étaient réduits à s’employer tout simplement comme professeurs d’anglais. Ils devaient être singulièrement discrets dans leur enseignement. Un système d’espionnage les entourait. Parmi leurs élèves, il y en avait qui étaient chargés de les surveiller et de rapporter aussitôt aux autorités, toujours prêtes à sévir, la moindre imprudence de parole. Les missionnaires patientaient, attendant des jours meilleurs. Ils avaient, du reste, à se rendre maîtres, pour leur compte, de la langue japonaise. Cela ne pouvait pas se faire en quelques mois ; et, durant ce travail nécessaire, les circonstances avaient quelques chances de changer et de devenir plus favorables. L’essentiel était de faire tomber peu à peu les préventions, de ne plus apparaître aux indigènes comme les émissaires de puissances à l’affût d’un coup de main sur l’Empire et, pour cela, de leur rendre le plus de

  1. Ces trois premiers missionnaires protestants arrivant au Japon étaient Brown, Simmons et Verbeck. Celui-ci s’établit à Nagasaki et ses deux collègues à Yokohama.