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DISCOURS PRÉLIMINAIRES.

rante ; fera couler sous nos yeux le flot de nos larmes qui emporteront nos dernières illusions, et ne laissera aux cœurs épouvantés d’autre autel à embrasser que celui de la vérité.

Telle est la pensée d’utilité morale qui a dicté ce livre. Sous des formes littéraires, il tend à un but éminemment philosophique. S’il est rempli de peintures passionnées, doit-on s’en étonner ? Cœurs malades, je m’adresse à vous, et j’emprunte la langue qui vous engagera à m’écouter ! J’ai dit que le grand mal de notre siècle était dans le peu de soin que nos législateurs et nos maîtres de sagesse ont pris de ménager, d’employer, de conduire les passions. Je ne crains donc pas d’exposer les effets de ces flammes laissées à elles-mêmes dans les ames, de peindre les malheurs solitaires qu’elles engendrent, de tracer le dérèglement des mœurs qui suit leur action désordonnée dans les rapports de la vie, et d’indiquer au torrent le lit plus vaste et plus pur où il pourrait couler.

N’espérons pas trouver un chemin dans les cœurs si ce n’est par la sympathie. Un froid pédant ne ramènera jamais par ses conseils une ame brûlante qui s’est égarée mais celle-ci deviendra attentive