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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

dant, quand les poésies de M. de Lamartine se sont révélées, la société tout entière, émue à des accens faits pour remuer des cœurs qui s’oubliaient sans s’éteindre, a protesté en faveur des plus divines facultés de l’homme.

Le système que nous combattons pourrait avoir de funestes effets pour la politique même, en détournant les hommes d’État de l’étude attentive des passions, en les amenant à dédaigner les feux terribles qui sont recélés dans les âmes, en leur faisant considérer, comme un soin placé au dessous des méditations de leur intelligence, l’emploi et la direction à donner à ces passions déposées dans le sein des masses ; et en les entraînant à blesser, sans le vouloir, ce sentiment mobile et orageux qui est le principe de vie des peuples, comme des individus et qui, refoulé ou méconnu finit par se faire jour ou vengeance, avec des éclats qui compromettent la paix des empires.

C’est par la communauté des passions que se forme la sympathie entre les hommes ; c’est en aimant les mêmes choses, qu’ils sont conduits à s’aimer, à se comprendre, ou à se subordonner pacifiquement les uns aux autres. Les esprits se repoussent,