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Qu’est devenue cette belle intelligence ? Ce n’est plus qu’un rêve incohérent, l’écho de la fièvre, un monologue effrayant, le rire ou les pleurs de la folie, et comme le cavalier emporté par son cheval, l’âme traînée et mise en lambeaux par la matière.

On peut regarder comme l’une des plus grandes souffrances causées par les fièvres qui attaquent le cerveau la persécution des images et des visions. Le repos ne vous apporte aucun soulagement ; le sommeil n’est plus un bienfait ; vous habitez le monde de votre imagination ; vous dormez en enfer vos souvenirs se changent en démons ; et les mêmes mots vous sont hurlés, des milliers de fois pour votre supplice, par une voix que vous seul entendez et ne pouvez faire taire (1).

Il est plus facile d’être brave sur les champs de bataille contre un ennemi étranger, que courageux sur le lit de douleur contre un mal qui fait partie de nous-mêmes. Les caractères les plus faibles dans la maladie sont ceux qui, dans l’état de santé, étaient le plus impérieux. Le sublime de la volonté n’est pas de vouloir ce qu’on peut, mais au contraire de ne pas vouloir ce qui est impossible ; la résignation est un grand signe d’activité intérieure. Il est vrai qu’il n’y a rien de plus humiliant pour


(1) Idée d’intelligence.