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on feint de se livrer à des projets ; on dispose de l’avenir afin que ceux qui vous écoutent s’imaginent vous apercevoir, comme vivant, dans un temps qui pourra marquer celui où ils achèveront de porter votre deuil. Quels sentiments nés de l’affection qu’ils vous inspirent se pressent dans votre cœur prêt à s’arrêter !


Si vous vous voyez sur le point d’être enlevé à une famille à qui vous étiez nécessaire, vous interrogez le ciel sur ce que vont devenir ces objets bien aimés. La mort vous semble moins impitoyable envers vous que pour eux ; vous cherchez à la désarmer au nom de ces destinées trop chères et tout bas vous implorez d’elle un sursis. Qui dira toutes les émotions de l’amitié, de la tendresse ou de l’amour aux prises avec la mort ?


Si c’est loin de votre pays, de votre famille, de vos amis que vous languissez, quelle tristesse dans ces moments où, lorsque le présent vous échappe, vous n’avez personne à entretenir de votre passé ! Aucun de vos regards ne peut suppléer à des paroles, qui elles-mêmes ne seraient point comprises ; nul visage chéri n’est là pour peindre à vos yeux le souvenir ou l’espoir : la solitude du tombeau vous environne d’avance ; et les serviteurs mercenaires qui vous soignent n’ont d’autre intérêt à