Page:Alletz - Harmonies de l’intelligence humaine, tome 2.djvu/332

Cette page n’a pas encore été corrigée

327


réunit la tendresse de l’épouse à la vigilance d’une mère. Il a perdu toute puissance sur cette terre, si ce n’est dans son cœur. La plupart de ses amis sont moissonnés par la mort ou se sont éloignés de lui mais elle lui reste encore : il n’y a pas de solitude.

Maintenant, j’aime à le supposer entouré d’une nombreuse famille. Autant d’enfants, autant de manières différentes d’être aimé. L’âge, le sexe, le caractère mettent des nuances dans les affections, comme il y a diverses parties dans un concert. Le spectacle de ces jeunes destinées communique à la vieillesse un mouvement qui le rattache au monde. Il croit recommencer plusieurs fois sa vie ; il pense par d’autres esprits et sent par d’autres cœurs. Du port, il contemple d’un œil avide ces navires qui lui appartiennent et naviguent dans toutes les directions. Les projets, établissements, mariages, baptêmes, se multiplient. Il n’est occupé qu’à bénir. Tout ce qu’il a connu et éprouvé se reproduit pour d’autres portions de lui-même. Dans une seule famille se résume le destin de l’humanité.

Quelquefois on lui cache la mort d’un vieil ami avec lequel il s’entretenait la veille. Enfin on lui avoue qu’il est absent, et il devine ; essuyant une larme, il lui dit dans le fond de son cœur : « A bientôt » Ce sont d’autres générations qui l’environnent. La plupart des contemporains de sa jeu-