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s’éteindre : l’autre ouvre les tombeaux fraîchement creusés pour y apprendre à triompher de la mort. Dans le dix-huitième siècle, les révolutions se font par l’empire des idées, dans le dix-neuvième par la force des armes. Dans l’un, nul n’est assez supérieur pour produire ces changements : ils sont l’œuvre de tous. Dans l’autre, c’est un grand capitaine qui remue le monde, et les idées semblent naître de ses actions. Dans le dix-huitième, les événements sont des publications littéraires ou philosophiques ; les batailles se livrent entre les doctrines. Le dix-neuvième commence par une guerre universelle ; la France ne fait plus de systêmes, mais voit l’Europe à ses pieds. Les hommes du dix-huitième ressemblent à des matelots qui sont menacés d’un naufrage, et qui recourant à l’ivresse pour s’épargner les angoisses de l’agonie, détruisent le vaisseau qui les porte : hommes du dix-neuvième, nous ramassons les restes de l’orage poussés sur la rive, et rebâtissons le navire sur un plan nouveau.

Voltaire était l’un de ceux qui avaient le plus travaillé à renverser ; M. de Châteaubriand brille au premier rang parmi ceux qui ont reconstruit. Voltaire a jeté à pleines mains le sarcasme et le mépris sur ia religion dont M. de Châteaubriand a célébré la grandeur et la vérité.