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mune origine le besoin de trouver un objet à aimer au-delà de cet univers.

En face du spectacle agité que les vicissitudes politiques nous présentent sans cesse dans nos sociétés renouvelées, le théâtre offre moins d’attraits qu’autrefois à notre curiosité. L’histoire contemporaine est un drame continuel. Nous avons vu tant de choses, qu’on ne peut rien inventer qui nous surprenne ; et les comédiens ne l’emporteront certainement pas, dans l’habileté de leur jeu, sur les acteurs de la destinée. L’ancienne tragédie est morte. C’était le vrai théâtre de l’aristocratie, qui aimait à se voir représentée ; mais la démocratie est jalouse : il lui plaît médiocrement de voir reparaître sur la scène de Melpomène l’ombre de ces races illustres qu’elle a renversées de celle du monde. Que lui fait la peinture des crimes et des vertus, des malheurs et de la gloire de ces grands de la terre dont l’histoire n’est pas la sienne ? Il y a certains amours, certaines haines qui sont des secrets pour elle. Ce n’est pas pour plaindre ou admirer ces augustes personnages qu’elle voudrait les voir revivre, mais pour se divertir à leurs dépens : aussi la comédie historique nous paraît-elle destinée à remplacer la tragédie classique.

Le nivellement des conditions sociales a dé-