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respect envers le passé unie à la vénération des choses saintes. En ôtant la pierre de l’angle, on faisait tomber tout ce qu’elle soutenait : ce qui est arrivé, non par un dessein prémédité, mais par l’ardeur du combat et la soif de la victoire. Cependant le moment où la religion paraît le plus près de périr est souvent celui où elle retrouve un principe de vie inconnu et inespéré. Pour faire refleurir la foi, Dieu laisse faire les hommes qui projettent de la ruiner ; afin de mieux l’enfoncer dans les cœurs, il lui retire tout appui visible, et elle ne brille de tout son éclat que, lorsqu’abandonnée à elle-même, elle soutient le monde. Ainsi, dans les sociétés nouvelles que l’on aurait crues d’abord vides de Dieu, la religion console de nobles infortunes, recouvre, après la tempête, l’autorité qui lui appartient ; et devenue le trésor du faible, la seule grandeur que les révolutions laissent debout, la loi qui sert à juger toute loi, elle attire par d’austères appas les plus fiers courages. Il est bon que les hommes se désaccoutument de croire la foi dépendante de la stabilité des empires ; et lorsque la piété même s’égare jusqu’à l’abriter sous des couronnes, ces diadèmes seront brisés, s’il le faut, pour l’instruction du monde, le redressement d’un faux zèle et le rétablissement de l’Église dans cet