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plication dans l’expédition française. Nous avions ouvert la porte des Pyramides, et le jour et la vie avaient pénétré dans ces retraites de la mort.

Cette période d’agitation, de bruit, de malheurs et de gloire a dû imprimer une marque particulière sur les travaux de l’esprit humain. Elle a nécessairement contribué au progrès des sciences qui sont les auxiliaires de la stratégie, telles que les mathématiques, l’ethnographie, la géographie, l’histoire ; elle a procuré aux savants, dans les divers pays du monde, des notions qui ont enrichi les sciences physiques et naturelles, la philologie, l’archéologie, la paléographie, etc. Mais les émotions qu’elle a jetées dans les cœurs ont été si vives et si poignantes, les spectacles dont elle a étonné les regards des contemporains, ont tellement mis la réalité au-dessus de la fiction, que les arts de l’imagination ont été réduits à l’impuissance, et que l’invention s’est trouvée stérile auprès du souvenir. Voilà ce qui explique parmi nous, durant cette période, la décadence de la poésie, du théâtre et du roman ; et telle a été l’influence de ces rudes et terribles visites que les peuples armés se sont mutuellement rendues, que les œuvres de l’imagination ont porté elles-mêmes un cachet historique et géo-