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jeune général qui ne faisait reposer ses troupes que dans les villes prises, et, ce qu’il y avait de plus prodigieux, l’enthousiasme intelligent de ces recrues prêtes à mourir. Ainsi ces guerres seront d’autant plus mémorables qu’elles succédaient à la plus étonnante et à la plus vaste révolution qui ait jamais éclaté dans le sein d’un empire. Le cratère une fois enflammé, la lave descendit pour sillonner les royaumes. Nous décrétions, sous le feu de nos canons, la liberté des peuples et la défaite de leurs armées. Quand les remparts des capitales tombaient devant nous, c’étaient autant de lois vénérables par leur antiquité qui s’écroulaient.

Plus tard, Napoléon songea moins à faire triompher la liberté que sa propre gloire ; les nations ne firent que changer de maître. À force de s’identifier avec la France, son chef s’imagina qu’elle serait d’autant plus grande que lui serait plus puissant ; tout ce qu’il ajoutait à son autorité, il croyait le donner à la nation, qui, au reste, ne pouvait se persuader que, pendant qu’elle asservissait le monde entier, la victoire lui imposât des chaînes, comme les défaites en apportaient au reste du monde. Les Français, étouffant partout la liberté qu’ils avaient promise, ne la retrouvèrent plus dans leurs foyers ;