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des ponts sur les mers : c’est ainsi que les nations communiquent entre elles, et que les plus sauvages achètent au prix de leur sang le don de la vérité. Toute initiation se fait par la souffrance : la flamme des volcans purifie les airs ; il y a des fleuves débordés qui laissent, en rentrant dans leurs lits, de l’or mêlé au limon impur. L’ambitieux conquérant plante un drapeau : il croit le voir flotter, et c’est la croix, étendard de la rédemption, qu’il enracine de ses mains victorieuses. Dans le sein des nations, la soif de commander allume des guerres civiles : les principes d’autorité sont méconnus, les lois renversées, la justice foulée aux pieds ; l’ordre ancien s’écroule, tous les rangs se confondent ; les ignorants et les pervers, qui semblent les seuls vivants, règnent sur des tombeaux, et Dieu paraît se retirer. Ne dirait-on pas que cette confusion échappe aux règles de la Providence, que cette iniquité trahit ses volontés ; que cette révolution, argument contre sa prescience, n’aura d’autres effets que le crime, la misère et la mort ? Attendez, et ces malheurs et ces forfaits subiront la loi de l’infaillibilité suprême, comme les déviations de la comète errante, qui semblent déconcerter l’ordre et l’harmonie du ciel. L’infortune ne doit pas étonner la vertu qu’elle