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DE LA. DÉMOCR.~TtE NOUVELLE.

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l’horizon en est borné; c’est un lieu circonscrit dans l’espace que nous avons vu lorsque nos yeux se sont ouverts; c’est la scène des jeux de notre enfance. La patrie est située entre le toit sous lequel nous sommes nés et le champ funèbre où dorment nos pères. Elle est, pour l’habitant des campagnes, dans le sillon du champ labouré, dans le son des cloches du hameau, dans les habitations et les chemins connus, dans la fatigue de chaque jour, dans l’habitude, cette loi suprême de la vie humaine.

Mais, plus les liens qui unissent entre eux les habitants d’une même commune sont étroits, et plus cette commune leur est chère. Le meilleur moyen de faire pousser à l’amour de la patrie des racines vivaces c’est donc d’abandonner aux chefs de toutes les familles, dont l’agrégation forme cette petite société, l’administration de leurs intérêts collectifs. Les blessures seront communes; les espérances naîtront ensemble; et, si l’étranger envahissait la grande patrie, on verrait aux millions de bras armés pour défendre partout leur champ, leur église et le tombeau paternel, l’effet des institutions communales.

Aujourd’hui quel étrange et douloureux spectacle présente, d’un côté, notre forme de gouvernement qui semble inspirée par le génie