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LIVRE VU, CHAP. XVI.

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ces parties de hasard où la hardiesse, servie par le bonheur, remporte aisément l’avantage. La fortune ne se fait pas attendre dans son jugement les coups se décident vite; la victoire se féconde par la victoire; on s’augmente du découragement de l’ennemi. Une heure suffit pour faire changer de maître à des millions d’hommes. Mais la domination maritime s’achète au prix d’un siècle d’efforts persévérants et de préparations laborieuses la construction des navires, l’éducation des matelots, l’exercice des bâtiments, tout est l’œuvre des années. D’ailleurs, il y a peu de grandes journées navales; les forces belligérantes se rencontrent rarement à la fois, et le fruit d’un triomphe ne peut se cueillir immédiatement.

Tels furent, sans doute, les motifs pour lesquels Napoléon n’eut jamais de goût pour la marine. Le désastre de Trafalgar lui ôta l’espoir de tenir en mer contre l’Angleterre. Irrité de la capture successive de tous ses vaisseaux, à mesure qu’ils sortaient de nos ports, il résolut de ramasser toutes ses forces sous son épëe, et d’abandonner à la puissance anglaise le champ libre sur l’Océan.

Les Bourbons ne s’occupèrent que faiblement de la marine française. Depuis la révolution de 1830 on a commencé à remédier à l’état